En 1995, à Venice en Californie, Greg Falk et Neil Carver s’ennuient. Pas une vague à surfer à l’horizon pendant ces belles journées d’été. Alors, ils font du skateboard. Leur autre passion. Bien sûr, c’est déjà génial de pouvoir rider dans les rues et slider. Mais la sensation de glisse reste très différente du surf. Et ils en veulent plus. Ils voudraient pouvoir carver comme sur leur planche de surf, pomper pour prendre de la vitesse. Mais leur skateboard actuel est trop rigide pour cela.
Alors, comme beaucoup avant eux, ils ont essayé de desserrer les trucks pour les rendre plus souples. Mais le skate devenait trop instable et surtout, les sensations n’étaient pas au rendez-vous, les mouvements étaient trop symétriques entre le truck avant et l’arrière. Ils ont alors commencé à imaginer ce que serait le skateboard idéal pour eux.
Pour se rapprocher du surf, le truck avant devrait absolument pouvoir tourner plus que l’arrière. Ils ont d’abord essayé différents risers et bushings, des trucks plus souples… mais rien n’apportait le résultat escompté ! Il manquait toujours le mouvement latéral, propre à une planche de surf. S’en suit alors une longue période de recherche et développement. Ils essaient d’installer un bras pivotant sur leur skate, le teste puis continue à itérer par essai-erreur. Ils ajoutent alors un ressort pour donner un effet de “rebound” (re-centrer automatiquement le truck après un virage). Essai après essai, ils finissent par arriver à des premiers prototypes qui leur donnent enfin les sensations recherchées.
C’est seulement à ce moment et lorsque d’autres skateurs californiens souhaitent tester qu’ils se disent que cela pourrait devenir un business et décident de créer leur société : Carver.
Ainsi sont nés les premiers surfskates qui ont révolutionné le monde du surf et du skate. Le surfskate a ensuite connu une progression fulgurante aux USA mais aussi dans d’autres pays comme la Thaïlande par exemple. Aujourd’hui cette nouvelle discipline arrive dans le monde entier, notamment en Espagne et en France.
La concurrence espagnole
En tant que véritable pionnier, Carver est toujours le leader sur le marché. Même s’il a dû lancer une sous-marque moins chère (Triton), fabriquée en Chine, pour rester concurrentiel face aux nouvelles marques espagnoles, nettement moins chères (Slide, Long Island, Mindless, …).
Car oui, il n’y a pas qu’en Californie qu’il y a une grosse culture surf. En Europe, c’est aussi le cas au Pays Basque (côté espagnol), où fleurissent de nombreuses nouvelles marques de surfskate. Et parmi celle-ci: YOW. Ils révolutionnent eux aussi complètement le monde du surfskate avec un truck avant très joueur (beaucoup plus souple et réactif que les Carver) et dernièrement en proposant des surfskates très concaves. Avec ses innovations, YOW est parvenu à se faire une place au soleil sur le marché mondial aux côtés de Carver. Grâce à un excellent marketing également car YOW est très actif, notamment avec ses teams riders et innonde les réseaux de vidéos époustouflantes (qui contribuent d’ailleurs à faire évoluer le niveau dans ce sport).
Le milieu du surfskate est maintenant en pleine ébullition et chaque année, de nouvelles marques font leur apparition. Il devient du coup de plus en plus difficile pour les débutants de savoir quel surfskate acheter tellement les marques sont nombreuses et les comportements des surfskates différents.
Les types de surfskate
Aujourd’hui, on retrouve un peu de tout sur le marché. Beaucoup de trucks de type RKP (reverse kingpin) avec des bushings plus ou moins durs pour offrir plus de souplesse et un meilleur angle d’inclinaison à la planche. Carver a une fois de plus été pionnier dans ce secteur avec son truck CX. Que beaucoup d’autres marques tentent de “copier”. Ces trucks sont plutôt rigides, stables, conviennent bien aux débutants qui souhaitent apprendre à carver et à pomper pour prendre de la vitesse. Ils sont aussi parfaits pour la balade, le skatepark et le pumptrack.
A côté de cela, certaines marques innovent avec des trucks à ressorts (plus ou moins puissants), qui sont plus souples et pivotent sur un angle impressionnant (YOW, Smoothstar, …). Ces trucks offrent quant à eux des excellentes sensations de surf et sont donc parfaits pour les puristes qui souhaitent réaliser de l’entraînement surf sur le bitume en enchaînant les bottums turns, top turns et autres manœuvres.
Les différentes pratiques
Le surfskate a beaucoup évolué dans sa pratique au cours des dernières années, ce n’est plus qu’un outil de “surf training” pour donner leurs sensations aux junkies en manque de vagues.
D’ailleurs, beaucoup de personnes s’orientent aujourd’hui vers le surfskate alors qu’elles n’ont jamais pratiqué de surf ni de skate. Principalement car c’est un skate beaucoup plus abordable, loin du skate de figures ou de skatepark. On peut vite s’amuser sur un surfskate et obtenir des bonnes sensations dès qu’on apprend à pomper pour prendre de la vitesse (et qu’on a osé se lancer sur cette planche à roulettes qui, avouons-le, fait peur).
Ensuite on peut amener ce petit jouet partout. En balade avec des amis, au pumptrack, dans le bowl… ou juste sur un parking pour améliorer sa technique !
Ce côté accessible du surfskate le rend populaire dans la tranche des 30-55 ans (hommes et femmes) qui après le Covid a très envie de se faire plaisir, de passer plus de temps dehors et surtout de vivre un peu plus. Le surfskate est un excellent moyen de se vider la tête, d’être actif physiquement et de se joindre à des communautés d’autres riders qui sont dans un même état d’esprit !
A propos
Cet article a été écrit par Anthony, il est le fondateur d’Apprenti Surfeur : un podcast sur lequel il partage son apprentissage du surf. Mais il a ensuite été piqué lui aussi par le surfskate a décidé de partager son apprentissage du surfskate via des tutos sur la chaîne YouTube de même nom.