Un des dénominateurs communs des sports extrêmes est la prise de risque. Et qui dit risque dit peur. Savoir gérer sa peur en skateboard est indispensable et nécessaire pour progresser dans sa pratique. Plus facile à dire qu’à faire.
Peur de se faire mal en skate : ce qui se passe dans notre cerveau
Lorsque le skateur commence le skate, la notion de risque est théorique. Puis viennent les premières chutes (sans trop de gravité). Et de temps en temps une belle frayeur. Et aussi des blessures (entorses, fractures…).
Dès les premières chutes, notre cerveau se met en mode « réaction / protection » : « tomber ça fait mal, je ne veux plus tomber, je ne dois pas essayer cette figure car je pourrai tomber ». Cette peur théorique devient concrète, imagée, associée à des souvenirs douloureux et notre cerveau construit des projections bien peu agréables de ce qui pourrait arriver. Ce processus est tout à fait normal, il permet de nous protéger.
Mais il est aussi néfaste car il entraîne des comportements typiques :
- des blocages par rapport à certains tricks et/spots.
- des simulations. Le skateur a envie de réaliser une figure mais n’ose pas alors il simule le trick en se jetant tout en sachant que la figure ne sera pas replaquée. De mauvaises (et parfois dangereuses) habitudes sont prises.
- un renforcement de la peur et la création d’un mythe autour de certaines figures / spots.
Bien gérer sa peur en skate
Tout le monde n’arrive pas à dépasser ces situations inconfortables mais voici une petite liste de trucs / astuces pour essayer de dépasser ses peurs en skateboard :
- En cas de chute, ré-essayer immédiatement afin d’éviter de créer un précédent traumatisant.
- En cas de blessure, ne pas incriminer le spot ou la figure. C’est surtout la faute à « pas de chance ».
- Essayer d supprimer les facteurs d’échecs : en changeant de spot, en changeant de trick. Par exemple si le flip ne passe pas sur un saut de 6 marches, essayer de sauter les 6 marches avec des figures plus simples ou des variantes (ollie, 180, autres rotations de planche) mais aussi faire la même figure sur d’autres spots (des gaps, d’autres sets de marches plus ou moins importants).
- Dédramatiser la figure en la visualisant (repasser le trick dans sa tête en s’imaginant sous différents angles comme si filmé).
- Provoquer l’émulation et le défi avec une bande de copains (en se lançant des défis ou en faisant des OUT / SKATE).
- Ré-essayer souvent.
Dit autrement :
- Isoler la difficulté et maîtriser le spot, le trick.
- Augmenter la difficulté progressivement.
- Recommencer inlassablement.
- S’entraîner mentalement.
Il y a enfin une chose à éviter : le grigri, le petit geste porte-bonheur… est souvent un piège dont on se rend trop facilement esclave.
Engagement oui mais tête brûlée non
Enfin, gérer sa peur c’est aussi connaître ses limites et ses capacités. Entre s’engager franchement sur un trick dont le succès est à notre portée et savoir que ça ne passera pas du tout, il y a une grosse différence. Seules les figures qui peuvent rentrer doivent être tentées. Typiquement, il est stupide de vouloir faire 3-6flip sur un gap alors que la figure n’est pas maîtrisée au sol.
Ce qui caractérise les meilleurs skateurs c’est aussi leur capacité à gérer leur peur. Savoir qu’une figure est potentiellement dangereuse n’empêche les skateurs confiants dans leurs figures de se lancer franchement. Et c’est seulement lorsque la figure est tentée en confiance que le succès est possible…