Les a priori ont la vie dure. Le poids des préjugés, le regard des autres et l’attitude plus pratique qui consiste à « rentrer dans le moule » font que peu de skateurs sont des skateuses.
Et pourtant, il n’y a aucune contre-indication à ce que les filles et les femmes pratiquent la planche à roulette.
Depuis que le skateboard existe il y a eu des skateuses. Le skateboard n’est pas un sport/loisirs genré. Les pratiquants les plus visibles ont toujours été des personnes de sexe masculin mais ça n’a pas empêché des générations de skateuses de pratiquer, de s’amuser, de participer à des contests et de transmettre leur passion.
Depuis les années 2000, une barrière a été franchie et le niveau des skateuses a progressé en flèche. Avec toujours plus de modèles féminins comme source d’inspiration, nul doute que les décennies à venir verront toujours plus de skateuses.
Pourquoi y a-t-il si peu de skateuses ?
Les skateurs masculins sont plus présents dans les médias car ils sont plus nombreux, plus casse-cou, plus musclés, plus compétiteurs… Tout cela à cause d’une certaine appétence pour le goût du risque, la recherche du dépassement de soi, de la confrontation aux autres générés par la testostérone, hormone surtout sécrétée chez les hommes.
On entend souvent dire que les skateuses ne skatent pas comme les hommes. Cette affirmation mérite d’être relativisée. Entre skateurs masculins, le style, le type de pratique et les figures réalisées peuvent être très différents. La même figure peut avoir un rendu complètement différent. Certains ont des figures signature, d’autres un style qui les distingue de tous… Pourquoi les skateuses auraient-elles un style qui leur serait caractéristique ?
Le skateboard est un sport/loisir individuel et avant tout un combat contre soi-même. Le skate se pratique seul et toutes les victoires que l’on remporte sont d’abord contre sa propre peur, ses propres limites. Alors tout comme il n’y a que très peu de rivalités entre skateurs, il n’y a pas de raison qu’il y ait de rivalités entre skateurs et skateuses. Il y a déjà bien assez à faire avec sa planche sur les spots.
Il n’est pas plus dur d’apprendre à skater que l’on soit femme ou homme.
Par contre, il faut quand même concéder que le skate est violent, salissant et que les petites blessures sont quotidiennes. Lors de l’adolescence, il peut être difficile pour une jeune fille de s’affirmer à la fois en tant que femme et en tant que sportive. Il est aisément compréhensible qu’il n’est pas évident face aux autres adolescents et face aux adultes de tenir tête face à la pression sociale. Certaines choisissent donc de lever le pied ou d’arrêter.
Quelques skateuses
Les skateuses historiques :
- Peggy Oki : la seule skateuse du célèbre gang de skateurs Z-Boys / Zephyr dans les années 1970
- Elissa Steamer : skateuse pro depuis 1998. Une des premières skateuses street à rivaliser avec les skateurs masculins
- Vanessa Torres : Skateuse emblématique. Professionnelle et vainqueur des X-Games
- Alexis Sablone : skateuse de street ayant gagné plusieurs X-Games
La relève :
- Lacey Baker
- Leticia Bufoni
- Mariah Duran
- Aori Nishimura
- Lizzie Armanto
- Nicole Hause
- Pâmela Rosa
- Samarria Brevard
- Marissa Dal Santos
- Julz Linn
- …
ONG, skateboard et skateuses
Le skateboard est aussi un moyen d’émancipation. C’est ainsi que le projet Skateistan propose des activités de découverte du skate en Afrique du Sud, au Cambodge et en Afghanistan. Cette ONG utilise la découverte du skate comme moyen, pour les groupes exclus (principalement les filles), de s’affranchir des contraintes imposées par leur entourage.
Art, éducation et pratique d’une activité sportive inconnue dans ces pays permettent à chacune et à chacun d’ouvrir les possibilités, de prendre confiance en ses capacités et de s’autoriser à se dépasser et à bousculer les barrières pour devenir les leaders d’un meilleur futur.
Bref, personne ne devrait avoir à faire du skate. Mais si une personne (homme ou femme) a envie de pratiquer, elle devrait toujours être encouragée.